La naissance des végétaux

La vie sur Terre

Sur terre, les minéraux qui la composent émettent des gaz : les bulles captives dans le magma s’échappent, enveloppant la planète dans un épais voile de brume grise, toxique et étouffante, où se mêlent de la vapeur d’eau ainsi que des gaz ammoniacs, du méthane et du dioxyde de carbone.

Les éruptions volcaniques, la radioactivité intense des roches, les orages, et l’afflux massif de rayons ultraviolets du soleil chargent l’atmosphère primitive d’une énergie intense. L’impact de ces charges énergétiques sur les gaz déclenche une série de réactions chimiques, reproduisibles en laboratoire lorsqu’on simule les conditions prévalant dans la première atmosphère terrestre. Ainsi naissent et s’accumulent les toutes premières molécules, fondations élémentaires du gigantesque édifice de la Vie.

Cette intense création de molécules, transportée par les pluies, enrichit progressivement les mers chaudes qui se densifient.

Les océans deviennent un véritable espace moléculaire, où des molécules très chaudes ont donné naissance aux premières bactéries. Il y a environ 450 millions d'années, dans ce milieu, des rencontres fortuites, voire des collisions entre molécules, engendrent de nouvelles réactions chimiques, des multiplicités, conduisant à des molécules plus complexes qui conduisent à la création des premiers êtres vivants.

Le rôle des bactéries dans la vie

Ainsi, dès l’aube du monde, les éléments de la Vie sont issus d’un processus de coopération chimique : ces premières synthèses se déroulent dans des endroits privilégiés où les éléments s’affrontent avec vigueur. Le jeu de la coopération et du conflit, mécanismes d’attraction et de répulsion si caractéristique du mouvement de la Vie, démarre avant même que la Vie n’apparaisse.

Les bactéries présentes dans les océans commencent à former les premiers êtres complexes : les plantes.

Le sucre et la fermentation sont les fondations de cette évolution, qui libère une grande quantité de dioxyde de carbone. La chlorophylle, pigment vert des plantes, est une des molécules essentielles de la vie ; comme une sorte de panneau solaire, elle absorbe l’énergie des rayons lumineux et l’utilise pour synthétiser — à partir des molécules les plus simples et les plus abondantes : l’eau et le dioxyde de carbone — les sucres qui sont les matériaux vitaux ; c’est la photosynthèse.

Les organismes chlorophylliens, qu’il s’agisse d’algues microscopiques ou de plantes vertes, sont donc des usines de production de matière vivante ; c’est le rôle premier d’une prairie ou d’une forêt. Et comme toute usine, elles produisent des déchets, en l’occurrence l’émission d’un gaz « polluant » : l’oxygène. Grâce à la chlorophylle, cette molécule verte qui s’empare du pouvoir en contrôlant l’énergie solaire, la réaction chimique entre l’eau et le dioxyde de carbone assure la production de sucre, tout en produisant un déchet qui marque le début de l’aventure biologique : l’oxygène.

Cet oxygène produit par les plantes modifie la teinte du ciel. Ainsi, le bleu du ciel, auparavant gris et brumeux, nous est donné par les plantes.

La photosynthèse naît donc avec le premier être végétal.

Dans l’évolution, les plantes se transforment. Passant d’une forme d'éponge à celle munie de cils et d’une bouche… la nature teste de nombreux modèles, en abandonnant certains, tandis que les végétaux deviennent autonomes. Les premières algues innovent dans la chasse. Au fil du temps, certaines de ces algues sont devenues capables de vivre sur la terre ferme. Elles ont développé des structures comme des racines pour absorber l'eau et des tiges pour soutenir leur croissance hors de l'eau. Les premières plantes terrestres étaient simples et ne mesuraient que quelques centimètres de haut. Elles ont ensuite évolué pour devenir plus complexes, avec une plus grande variété de formes et de tailles.

Concrètement, les bactéries ont engendré les plantes qui ont à leur tour engendré les animaux.

Dans l’évolution, il est notable que les plantes font preuve d’une inventivité bien plus grande, peut-être en raison de leur immobilité, comme s’il s’agissait d’un instinct de survie. Bien que certains végétaux développent des facultés très particulières, la grande majorité demeure sédentaire, incapable de fuir ou de chasser une proie.

Ainsi, elles profitent des insectes pollinisateurs, principalement des abeilles, apparues sur Terre en même temps qu’elles. Sans le transport du pollen, les fleurs se faneraient et les abeilles ne pourraient pas survivre sans le nectar des fleurs.

La coévolution reste la clé des interactions entre le végétal et l’animal.

Sources :  Les émotions cachées des plantes, Didier Van Cauwelaert -