LA BIODIVERSITÉ

La biodiversité est la matrice vitale de notre planète, à laquelle nous sommes intégrés. Elle constitue l’essence de notre existence.

Définition de la biodiversité

La biodiversité est l’éloquente symphonie de la vie qui résonne sur notre planète, une mosaïque complexe de formes de vie. Son étude scrute la diversité des écosystèmes, des espèces et des gènes, observant leur dispersion spatiale et temporelle ainsi que leurs interactions mutuelles et leur interconnexion à différents niveaux d’organisation. En explorant la biodiversité d’un lieu précis, les chercheurs analysent divers éléments allant de la simple liste d’espèces à celle des écosystèmes ou des gènes.

Cette notion de biodiversité est précisément circonscrite dans l’article 2 de la Convention sur la diversité biologique. Elle y est définie comme la « variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques, ainsi que les complexes écologiques dont ils font partie ; cela englobe la diversité au sein des espèces, entre les espèces et celle des écosystèmes ».

La biodiversité se manifeste à travers divers niveaux interdépendants et imbriqués. Les scientifiques ont délimité trois niveaux fondamentaux : la diversité génétique, la diversité des espèces et la diversité des écosystèmes. À ces niveaux s’ajoute la diversité des interactions au sein des trois autres niveaux et entre eux, ainsi que la diversité fonctionnelle, c’est-à-dire la variété des attributs fonctionnels des organismes, indépendamment des espèces auxquelles ils appartiennent. La biodiversité ne se résume donc pas simplement à l’addition des espèces, mais elle encapsule l’ensemble des interactions dynamiques entre les êtres vivants et leur environnement physico-chimique, s’exprimant à plusieurs niveaux.

La diversité génétique, ou diversité intraspécifique est la manifestation de la variabilité des gènes au sein d’une même espèce, que ce soit parmi les individus ou les populations. La diversité génétique d’une espèce est une clef pour sa survie, lui permettant de s’adapter aux changements de son environnement grâce à l’évolution.

La diversité spécifique, ou diversité interspécifique est la plus connue, car elle est la plus apparente. Elle incarne la variété des espèces vivantes, unité fondamentale de la systématique, en termes de nombre, de nature et d’abondance.

La diversité écosystémique fait référence à la pluralité des écosystèmes qui existent sur Terre et constituent la biosphère. C’est à ce niveau que se dévoile la diversité des interactions des populations naturelles entre elles et avec leur environnement.

Notre vision de la nature

L’éveil du concept de biodiversité est intimement tissé dans le récit global de la conservation de la nature et de l’évolution des philosophies concernant ce que l’on nommait jadis simplement « la nature ». Depuis les époques les plus anciennes, la diversité du monde vivant a éveillé la curiosité et l’émerveillement, mais ce n’est qu’au cours du XVIIIe et du XIXe siècle que l’idée de sauvegarde de la nature a vraiment pris racine dans l’esprit occidental. Les avancées dans les sciences naturelles et l’émergence de l’écologie ont façonné notre regard sur le monde vivant.

Parmi les découvertes marquantes, la publication en 1859 de « L’origine des espèces » de Charles Darwin constitue un jalon majeur, en présentant la première théorie scientifique convaincante sur l’origine de la diversité biologique. En tant que pierre angulaire de la biologie moderne, la théorie de l’évolution a radicalement transformé notre perception de la nature et de notre propre place dans celle-ci, ébranlant l’idée d’une nature immuable et inchangeable qui prévalait dans la culture judéo-chrétienne.

Ainsi, le concept de biodiversité, fruit d’une prise de conscience graduelle, est l’expression de notre compréhension croissante de l’extraordinaire variété et complexité du monde vivant qui nous entoure. Il témoigne de notre reconnaissance de cette diversité, loin d’être un simple spectacle, il est en fait le tissu vital qui soutient notre planète et nous-mêmes.

Les motifs du déclin de la biodiversité

Quatre grandes forces anthropiques ont orchestré une déperdition considérable de la diversité biologique, dont les effets sont largement irréversibles. Ces quatre forces sont :

La dévastation et la dégradation des habitats naturels ;

La prédation excessive et l’exploitation insoutenable des ressources naturelles ;

Le transfert d’espèces d’un environnement à un autre ;

Le changement climatique global.

L’impact de l’humanité sur la biodiversité : Une ombre menaçante

Le concept de biodiversité fait également écho à la présence omniprésente de l’Homme : L’homme qui érode la nature, qui la convoite, qui s’appuie sur la nature pour un développement de ses sociétés.

Depuis 1992, il est clairement établi que la biodiversité est gravement mise à mal par les activités humaines, s’appauvrissant d’année en année à un rythme alarmant.

Depuis sa première apparition il y a environ 100 000 ans, l’être humain a exercé un impact grandissant sur son environnement, jusqu’à en devenir le principal agent de changement. Avec l’avènement de la révolution industrielle, la domination humaine sur la terre est devenue si prédominante que certains chercheurs soutiennent que ce fait signale l’amorce d’une nouvelle ère géologique, l’Anthropocène.

La disparition des espèces est souvent l’indicateur le plus flagrant de cette dégradation de la biodiversité. À tel point que certains évoquent la « Sixième Extinction de l’Holocène, en référence aux cinq précédentes vagues d’extinctions massives survenues au cours des ères géologiques.

Le bouleversement climatique

Si le bouleversement climatique n’est pas contenu rapidement, il entrainera une déperdition massive de la biodiversité. Ce ne sera pas un déclin lent et graduel, mais plutôt une série de chutes brutales et irréversibles. Le changement climatique, bien qu’il puisse être d’origine naturelle, est actuellement exacerbé par les actions humaines. Le climat constitue une des composantes essentielles des niches écologiques des espèces. Par conséquent, ses fluctuations influencent non seulement la distribution géographique des espèces, mais aussi leur compétitivité et leur capacité à prospérer dans un habitat donné.